Pourquoi communication « digitale », plutôt que numérique ?

je ne voie pas en quoi les doigts on à voir la dedans!

Et si on creusait un peu plus ?

Le terme ‘digital’ est tout de même utilisé : digitalisation des process, communication digitale, transformation digitale, etc… rien à voir avec les doigts, mais un peu quand même ! Cela évoque autre chose qu’une erreur de français. Cela évoque l’idée d’une « trace » laissée sur le web à travers une activité toujours humaine au départ.

Traces digitales et identités plurielles

Le web est un espace dans lequel les internautes s’inscrivent dans des mises en scène de soi et entretiennent des liens sociaux comparables à ceux que nous retrouvons dans l’univers physique. Les internautes sont confrontés ainsi à la difficulté de faire cohabiter, dans un même espace médiatique, des identités plurielles… Ils laissent, derrière eux, consciemment ou non, des « traces » numériques de leur passage … comme des empreintes de doigts.

Une empreinte digitale peut être visible à l’oeil nu, apposée sur de la matière. Elle peut être invisible, à révéler par un composant chimique pour rechercher une concordance avec d’autres empreintes. Enfin, elle peut-être également moulée si elle se retrouve en contact avec une matière solide et malléable, comme de la cire de bougie.

Le parallèle peut être fait avec une « trace numérique ». Celle-ci peut être visible, accessible rapidement via un moteur de recherche. Une trace numérique peut être laissée à son insu, après une visite ou un clic sur un site web. Elle peut être invisible et nécessitera une agrégation de plusieurs contenus pour révéler l’identité de l’individu. Enfin, elle peut être extrêmement travaillée et ancrée de façon permanente. Par exemple, dans le cas d’un réseau socio-professionnel où la matière intellectuelle se conjugue aux impératifs de la plateforme dans un but précis.

Les mots ont toujours un sens et sont porteurs des signes de notre époque. Il est intéressant de s’attarder sur ceux qui n’existaient pas il y a 20 ans et qui pourtant intègrent notre vie quotidienne.

Pour approfondir davantage le sujet :

  • Dominique Cardon, A quoi rêvent les algorithmes (2015)
  • Beatrice Galinon-Menelec, L’Homme trace (2011)